La bourse est certainement le placement financier qui rapporte le plus.
En effet, en investissant dans des entreprises de qualité, il n’est pas rare de faire de grosses plus-values et de toucher de monstrueux dividendes.
Pourtant, le risque de faire des performances médiocres existe…
…voire pire : vous pouvez même y laisser l’intégralité de votre capital.
Alors, comment investir en bourse dans des entreprises extraordinaires, à forte plus-value et/ou à fort dividende ?
Que faut-il regarder de plus important pour évaluer une entreprise en bourse ?
Et surtout…
Comment repérer les entreprises performantes qui crachent du cash ?
C’est exactement ce que nous allons voir.
L’objectif d’aujourd’hui : maîtriser les ratios financiers les plus utiles qui permettent de mesurer la profitabilité d’une entreprise.
Pas besoin d’être analyste financier.
C’est parti.
Évaluer une entreprise en bourse, c’est d’abord s’assurer qu’elle détient 1 ou plusieurs avantages concurrentiels forts
Comment peut-on obtenir un avantage concurrentiel fort ? Plusieurs manières existent.
Nous recherchons des marchés avec de fortes barrières à l’entrée
Le but ici est d’empêcher tout autre concurrent de rentrer sur notre marché.
Comment faire ?
Des entreprises comme Coca-Cola, Apple, ou Microsoft excellent dans ce domaine.
Par exemple, impossible aujourd’hui de concurrencer Windows présent sur 85 % des ordinateurs. Inimaginable.
Ainsi, Microsoft fait ces 3 choses de manière splendide :
Le brevet d’invention
Pour créer une barrière à l’entrée, la méthode royale reste encore d’obtenir un brevet.
Avec cette protection juridique, personne ne peut commercialiser de produit utilisant le procédé breveté, pendant 20 ans. C’est pour ça qu’il est tant convoité : une fois qu’on vous accorde un brevet, vous êtes tranquille pour deux décennies !
Chez Microsoft, c’est par exemple le Menu Démarrer qui est protégé. Difficile pour des concurrents de construire des interfaces quand un simple menu en bas à gauche de votre écran peut vous conduire à payer de lourdes indemnités.
Pour nous, c’est parfait : personne d’autre ne peut créer une barre d’outils en bas de l’écran avec un bouton « Démarrer » !
En 1999, à l’époque où ce brevet a été déposé, cela constituait certainement une barrière pour la naissance de tout autre système d’exploitation pour ordinateur.
Conclusion : dans notre analyse, nous allons favoriser les entreprises qui vendent des produits comprenant au moins 1 brevet.
L’image de marque
Cette barrière à l’entrée se retrouve principalement dans les produits de luxe comme Dior, Chanel, Porsche…
… toutes ces marques possèdent un actif que personne d’autre ne peut acquérir : leur réputation auprès des consommateurs.
Ainsi, il sera très difficile pour une PME d’aller concurrencer Chanel dans le domaine des parfums haut de gamme.
L’image de marque prend du temps à obtenir et nécessite de lourds investissements financiers.
Conclusion : dans notre analyse, nous privilégierions donc des grandes entreprises vendant des produits phares, qui sont mondialement reconnus.
Économies d’échelle
Autre élément, la capacité d’une entreprise à produire en gros volume lui permet souvent de payer ses matières premières à des prix défiants toute concurrence.
En effet, compte tenu des quantités commandées, un fournisseur de bouteille en plastique aura bien plus tendance à attribuer à Coca-Cola une ristourne plutôt qu’à la PME qui souhaite lancer une nouvelle boisson.
Cette PME aura ainsi du mal à être compétitive face à Coca-Cola.
Conclusion : nous viserons principalement des entreprises déjà matures bénéficiant de gros volumes de vente permettant d’obtenir d’obtenir de forts rabais sur les prix des fournisseurs.
Nous recherchons des entreprises présentes sur des marchés avec peu de concurrents offrant exactement le même produit
En effet, il est bien plus facile de gagner des parts de marché si les clients n’ont que peu le choix.
C’est un avantage concurrentiel assez difficile à obtenir, mais lorsqu’il est atteint, c’est le jackpot !
Par exemple, dans le domaine aéronautique, il n’y a que deux choix pour procéder à l’achat d’avions commerciaux, Airbus et Boeing. Ils sont donc en position de force.
Les compagnies aériennes sont contraintes de renouveler leur flotte, les avions commerciaux ne dépassant pas 20 ans de service.
Ces compagnies sont donc obligées de racheter régulièrement de nouveaux avions pour continuer leur activité.
Mais ce n’est pas tout…
… il est extrêmement difficile pour une compagnie de passer de Boeing à Airbus et vice-versa :
Il faut reformer l’ensemble des techniciens au sol, des pilotes, le personnel de bord à toutes les particularités du nouveau constructeur.
C’est pour cela que certaines compagnies à bas coût choisissent de rester fidèle coûte que coûte à un constructeur et à un seul : Ryanair n’achète par exemple que des avions Boeing, EasyJet que des avions Airbus.
Conclusion : dans notre étude, nous aurons à cœur d’aller étudier des entreprises ne connaissant qu’un nombre restreint de concurrent, pas plus que 4 ou 5.
Nous recherchons des marchés où les produits de substitution sont inexistants ou peu nombreux
Un produit de substitution est un produit pouvant être acheté et consommé en lieu et place d’un autre.
Par exemple, si votre dentifrice devient trop cher, vous pouvez changer de marque : vos dents seront toujours propres auprès chaque brossage.
En revanche, si vous adorez le goût du Coca-Cola, vous ne trouverez aucune marque ayant exactement le même goût (il y a bien quelques autres colas, mais le goût reste différent).
Conclusion : pour découvrir une entreprise rentable, il faut qu’elle puisse vendre un produit qui ne peut pas être remplacé par un autre produit.
Une fois que des nous avons repéré une entreprise avec de forts avantages concurrentiels, quelques ratios financiers simples suffisent à déterminer sa rentabilité
La comptabilité joue un élément clé dans l’évaluation d’une entreprise, car elle permet d’évaluer à un instant T la santé financière de l’entreprise.
Par conséquent :
En analysant quelques ratios simples, nous pouvons déterminer en quelques secondes nous rendre compte de la profitabilité d’une entreprise.
Les ratios de liquidité, où comment savoir si l’entreprise peut rembourser ses dettes à court terme
Le ratio de liquidité générale
Tout d’abord, pour analyser la liquidité, on utilise le ratio de liquidité générale. Il se calcule de la manière suivante :
Si ce ratio est supérieur à 1, on dit que le fonds de roulement est positif.
Autrement dit, si tous les créanciers de l’entreprise demandaient à ce que leurs dettes soient remboursées immédiatement, l’entreprise aurait assez de liquidités pour rembourser. Un ratio de 2 est généralement considéré comme raisonnable.
Si le ratio est inférieur à 1, l’entreprise peut ne pas être en mesure de respecter ses engagements, c’est mauvais signe.
Pour exemple, pour Total, on obtient les données suivantes :
Un ratio à 1,5 : Total peut donc faire face à l’ensemble de ses dettes à court terme.
Ainsi, Total passe le test du ratio de liquidité générale !
Le ratio de trésorerie
En complément de la liquidité générale, on utilise aussi le ratio de trésorerie.
Il permet d’analyser plus finement les actifs immédiatement disponibles dans l’entreprise, dans l’éventualité où l’entreprise devrait rembourser ses dettes immédiatement.
Ainsi, le ratio de trésorerie ne prend pas en compte les stocks, car ceux-ci ne sont pas entièrement de la trésorerie : ils doivent d’abord être vendus pour devenir du cash.
Ce ratio permet donc d’être un peu plus précis sur la capacité d’une entreprise à faire face à ses engagements.
L’interprétation est similaire à celle du ratio de liquidité générale : un ratio de 2 est considéré comme raisonnable; en dessous de 1, la situation est difficile car l’entreprise n’a pas assez de liquidités pour faire face à ses engagements.
Le ratio de rentabilité, où comment savoir en combien de temps une entreprise peut transformer 10 euros en 100 euros
Écoutez :
Maintenant que nous avons analysé les forces et faiblesses de l’entreprise en nous assurant qu’elle puisse rembourser ses dettes, il est temps d’évoquer ce qui intéresse le plus d’investisseurs…
… la rentabilité.
En effet, le but final de l’investissement est bien sûr de gagner un maximum d’argent.
Afin de repérer des entreprises performantes, il faut avant tout analyser le cash qu’elles peuvent produire, à court terme.
C’est exactement ce que nous allons voir.
Le rendement des capitaux propres
Derrière ce nom super barbare se cache en fait une notion très simple :
Quel est le rendement obtenu par les actionnaires qui détiennent des actions de l’entreprise ?
Le ratio de rendement des capitaux propres permet de répondre à exactement cela.
Autrement dit…
… ce ratio vous permet de calculer combien d’euros l’entreprise peut vous faire gagner, pour chaque euro investi.
Il se calcule de cette manière :
En règle générale, on investit que si les capitaux propres rapportent au moins 15 % de rendement.
En gardons notre exemple de Total :
Aie, Aie, Aie…
Total ne passe pas le critère.
Autrement dit…
… un euro investi ne rapporte que 4,5 centimes alors qu’il devrait au moins en rapporter 15 !
Les capitaux propres de Total ne rapportent pas assez d’argent…c’est donc un point noir important à noter dans l’analyse de Total.
La marge bénéficiaire nette
Maintenant que l’on sait combien rapporte un euro investi dans l’entreprise, il faut déterminer comment une telle rentabilité est possible.
Vient-elle simplement du chiffre d’affaires ? Ou de ventes de bijoux de famille de l’entreprise ?
Le ratio de marge bénéficiaire nette permet de répondre à ces questions.
En d’autres termes, ce ratio permet de calculer le bénéfice net généré après chaque euro de chiffre d’affaires.
Il se calcule de la manière suivante :
Sur ce ratio, il n’y a pas de limite mais plus il est élevé, plus l’entreprise gagne de l’argent sur chaque vente.
À entreprises similaires, il faut ainsi préférer celle qui a la marge bénéficiaire nette la plus importante.
Pour Total, le résultat est très décevant :
5,4 % de marge avant impôts…autrement dit vraiment très peu.
Avec ce deuxième revers, Total est désormais totalement out de notre étude.
Des marges bénéficiaires correctes sont par exemple celles d’Apple, à près de 30 %
On y remarque même que le ROE (rendement des capitaux propres) est excellent !
Le retour sur capitaux investis (ou ROIC, Return On Invested Capital)
On a vu plus haut la rentabilité des capitaux propres, puis l’importance de calculer la marge bénéficiaire nette.
Mais pour trouver une entreprise performante, il existe un ratio en or qui ne peut pas être négligé.
Notez bien ceci :
Si le ratio ROIC n’est pas assez élevé, vous pouvez tout de suite refermer le dossier et analyser une autre entreprise.
C’est tout.
Ce ratio de retour sur capitaux investis permet de vérifier que les capitaux investis (c’est-à-dire l’argent que vous, l’actionnaire, vous apportez) rapportent une rentabilité suffisamment importante.
Je vous épargne cette fois la formule, car c’est un ratio standard qui est fourni par chaque entreprise dans ses rapports annuels.
Pas besoin de retenir comment il se calcule donc.
Un ROIC de minimum 10 % est attendu. En dessous, l’argent que vous investissez dans l’entreprise ne travaille pas assez dur.
Pour revenir sur notre exemple, Apple a bien une rentabilité sur capitaux investis (ROIC) à 27 % donc bien supérieure à notre attente de 10 %. De même, le ROE est également bien au-delà des attentes. La marge bénéficiaire vue juste avant atteint les 30 % !
Apple semble donc être très rentable.
En revanche, le ROIC de Total est un ridicule 3,1 % !
Comme dit plus haut, à la seule vue de ce nombre, on peut fermer le dossier Total tout de suite : pas question d’investir sur cette valeur !
Le ratio CROIC (Cash Return on Invested Capital)
Pour terminer avec nos ratios financiers, un petit dernier qui a cependant une importance non négligeable.
Similaire au ROIC vu plus haut, le CROIC a l’avantage de prendre en compte le flux net de trésorerie généré par l’entreprise (aussi appelé Free Cash Flow).
Autrement dit, le CROIC mesure la rentabilité d’une entreprise en prenant en compte ce qu’elle a réellement dégagé comme cash sur une année.
Exit les mesures comptables qui pourraient faire gonfler un résultat net…
… avec le CROIC on ne prend en compte que le cash sonnant et trébuchant.
Et là aussi :
Comme le ROIC, c’est tout ou rien : un mauvais ratio CROIC et vous pouvez abandonner l’idée d’investir dans cette entreprise.
Une entreprise est performance si son CROIC est au moins égal à 10 %.
Évaluer une entreprise en bourse, c’est s’assurer de posséder des avantages concurrentiels forts et une rentabilité importante, vous permettant de vous enrichir dès maintenant et de dormir tranquille
Ainsi, faire un diagnostic permettant de repérer les forces et les faiblesses d’une entreprise n’a rien de compliqué. Quelques ratios simples, et de fortes barrières à l’entrée suffisent à éviter les erreurs d’investissements les plus courantes.
Évaluer une entreprise en bourse n’a rien de sorcier.
À vous de jouer maintenant !
Rendez-vous sur un site d’analyse boursière comme ADVFN. Vous aurez accès aux bilans comptables des plus grandes entreprises cotées. Idéal pour vérifier qu’une société dans laquelle vous voulez investir respecte les ratios vus plus haut dans l’article.
Donnez votre avis sur ces différentes manières de repérer des entreprises performantes. Laissez-moi vos questions, je réponds à tous les commentaires.