L’autarcie, capacité à être totalement autonome et autosuffisant est un vieux rêve du genre humain. Une entité vivant en autarcie n’a aucun échange avec les autres. Elle vit uniquement de ses propres ressources et n’a besoin d’aucune aide extérieure. Nombreuses sont les personnes qui rêvent d’une telle vie, car comme le dit l’adage : « L’enfer, c’est les autres ! ». Mais une telle vie est-elle possible dans notre monde globalisé ? Peut-on réellement vivre en autarcie ?
Les différentes formes d’autarcie
On peut principalement distinguer deux formes d’autarcies : à l’échelle personnelle, ou à l’échelle communautaire.
- Une forme personnelle est celle de Robinson Crusoe, le personnage principal de l’œuvre littéraire du britannique Daniel Defoe. Robinson Crusoe vécut seul durant plus d’une décennie sur une île déserte de l’océan atlantique. Il survécut en tirant ses ressources de la nature environnante. Il n’eut aucun échange avec un autre humain. Il faut cependant noter qu’il s’agit d’une œuvre purement fictionnelle et que la réalité est encore plus dure. Les humains sont des animaux sociaux et dépendent les uns des autres pour leur bien-être. Dans la société, chacun fournit l’autre en biens et services et profite de l’autre. Vivre en autarcie sur le plan personnel est très difficile, voire impossible. Une personne vivant en autarcie court le risque de se voir emporter par le premier cataclysme qui le frappera.
- L’autarcie à l’échelle communautaire est par contre réalisable. Les êtres humains ont évolué en communautés autarciques, familles autonomes, tribus et clans dont la survie dépendait de leur propre capacité à se nourrir, se vêtir et s’abriter. Ce n’est qu’après la maîtrise de l’agriculture que nous nous sommes installés et que nous avons commencé à négocier avec d’autres communautés établies. Ainsi, l’autarcie en famille ou en groupes de famille est parfaitement réaliste.
Comment vivre en autarcie ?
Vivre en autarcie suppose l’absence d’échange avec les autres. Il est donc évident qu’un tel style de vie est impossible en villes, car ces environnements sont bâtis sur l’interdépendance des individus, des familles et des communautés. Chaque individu y a une spécialisation très poussée et il constitue un maillon d’une chaîne plus ou moins imbriquée.
L’autarcie n’est possible que dans un écosystème vierge et totalement fonctionnel. Ce mode de vie est possible dans une forêt où abondent gibiers et autres ressources naturelles. Une personne vivant dans un tel environnement a une certaine chance de survie s’il s’adonne, à l’agriculture, à la chasse, à la cueillette ou à la pêche. Une connaissance poussée sur ces activités est un impératif. Des compétences en construction sont également un atout essentiel. Savoir nager et grimper serait appréciable.
En communauté ou en famille, cela est encore plus facile. On peut y vivre sans argent sur une période relativement longue. Il est cependant nécessaire d’avoir quelques rudiments en médecine et notamment en phytothérapie. Cet aspect est très important, car une maladie surviendra un jour ou l’autre et il faudra y faire face.
Les avantages à vivre en autarcie
Le monde globalisé dans lequel nous vivons est loin d’être le paradis auquel tout le monde rêve. La société est une machine infernale dont nul n’a le contrôle. Il s’agit d’une fourmilière géante ou chaque individu est réduit à une fonction, voire un numéro. Nul ne peut décider tout seul de son avenir, car celui-ci est intimement lié à celui des autres membres. Nul n’y est maître de son destin.
L’argent en est devenu l’âme et la vie se résume à courir après une supposée réussite. En vivant en autarcie, on a la possibilité de choisir librement ce qu’on veut devenir, sans craindre que quelqu’un nous impose son point de vue. On n’est plus réduit à travailler à longueur de journée comme une abeille et on peut mieux profiter de son temps.
Les inconvénients à vivre en autarcie
En abandonnant notre passé autarcique, nous nous sommes considérablement enrichis. Nous avons connu une avancée technologique incroyable et d’énormes améliorations dans la condition humaine. La concentration de la production l’a rendu plus efficace. Les compétences spécialisées nous ont permis d’avancer plus vite. L’interdépendance nous a permis de mieux exploiter les connaissances et les ressources.
L’économie mondiale a énormément progressé au cours du dernier siècle, doublant environ toutes les quinze années pendant cette période. Elle a doublé environ tous les mille ans avant la révolution industrielle, et tous les deux cent mille ans avant la révolution agricole. Étant donné cet historique du taux de croissance, il est sensé d’imaginer que l’économie mondiale pourrait se développer encore plus rapidement dans un avenir prévisible.
L’une des caractéristiques les plus communes aux sociétés ayant choisi de vivre en autarcie est le retard technologique. Le cas des pygmées vivant en Afrique centrale et celui des Jarawas vivant dans les îles Andaman est très parlant. Ces peuples coupés du reste du monde ont conservé les techniques et le mode de vie des hommes du paléolithique, alors que ceux qui se sont ouvert au monde ont évolué. Si les hommes décident de revenir à l’autarcie, alors le genre humain cessera d’être ce qu’il est. Les allemands qui fuyaient l’Allemagne de l’Est, le faisaient à cause de l’autarcie dans laquelle le pays était plongé. L’homme n’est pas naturellement conçu pour vivre en autarcie.
L’autarcie est aussi vieille que le monde. Les premiers hommes ont vécu en communautés autarciques, mais le genre humain n’a commencé à se différencier des autres qu’au moment où les communautés ont renoncé à ce monde de vie. La vie en société, quoique contraignante, présente de nombreux avantages. Vivre en autarcie dans ce siècle relève plus de l’utopie que de la réalité. Une nation, une communauté ou une famille peut vivre en autarcie durant une certaine période, mais elle ne peut y rester indéfiniment.
Pour un individu isolé l’équation est encore plus complexe, voire impossible à résoudre. Vivre en autarcie n’est possible que dans un écosystème totalement préservé. Ce mode de vie requiert que celui qui s’y adonne ait un nombre impressionnant de compétences personnelles. Il peut vite tourner au drame lorsqu’une maladie ou une catastrophe naturelle survient.