Quelle utilité a le bitcoin dans le système sénégalais ?

de | 10 novembre 2021
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Le Bitcoin connaît un boom en Afrique, et le Sénégal n’est pas en reste. Le pays des lions de la Teranga est l’un des leaders africains du bitcoin et des cryptomonnaies en général. Mais pourquoi un tel intérêt du Sénégal pour le bitcoin ? Quel est le rôle du Bitcoin dans l’économie du Sénégal ? Lisez la suite de cet article pour le savoir.

Qu’est-ce que le bitcoin ?

Le Bitcoin est une monnaie virtuelle créée en 2009 par un ou plusieurs hackers sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto. Contrairement à d’autres devises, le Bitcoin n’a pas derrière lui de banque centrale qui distribue de l’argent frais, mais repose fondamentalement sur deux principes : un réseau de nœuds, c’est-à-dire des PC, qui le gèrent de manière distribuée et l’utilisation d’une cryptographie solide pour valider et sécuriser les transactions.

Bitcoin dans le système sénégalais

La structure peer-to-peer du réseau Bitcoin et l’absence d’organe central rendent impossible pour toute autorité, gouvernementale ou autre, de bloquer les transferts, de saisir des bitcoins sans la possession des clés correspondantes ou de dévaluer en raison de l’entrée de nouvelles devise. Cette cryptomonnaie pose donc des problèmes de souveraineté nationale pour les pays du monde entier, car elle échappe au contrôle des gouvernements locaux. D’ailleurs l’impossibilité de tracer les transactions en a fait la monnaie de prédilection des criminels de tout genre.

Quelle est la place du bitcoin dans l’économie du Sénégal  ?

Quelle est le rôle du bitcoin dans l’économie du Sénégal ? Le Sénégal héberge un grand nombre de mineurs de bitcoin. Les mineurs sont des personnes qui offrent des capacités de calcul au réseau Bitcoin en échange d’une rémunération en bitcoins. Le pays a vu ces derniers temps l’émergence de nombreuses plateformes d’achat et de vente de bitcoins. Des casinos en ligne permettant de jouer avec cette cryptomonnaie sont également apparus.

De nombreux jeunes sénégalais se sont également lancés dans le trading de bitcoins. Ils achètent et vendent cette cryptomonnaie sur des plateformes de trading afin de se faire des bénéfices. On a même assisté à des success stories de jeunes sénégalais qui se sont enrichis grâce à cette cryptomonnaie.

Le bitcoin est également utilisé par les immigrants sénégalais pour envoyer de l’argent au pays. Contrairement aux structures de transfert d’argent officiels, les transferts d’argent via le réseau bitcoin sont moins chers. L’utilisation du réseau bitcoin est également très pratique, puisqu’il n’est soumis à aucune restriction.

En dépit des volumes importants de bitcoins qui sont échangés sur le marché sénégalais, il faut noter que le bitcoin ne bénéficie pas à l’économie officielle et l’état sénégalais ne retire rien des transactions en bitcoins qu’il ne peut ni encadrer, ni taxer.

Le Bitcoin et les autres crypto-monnaies ne sont pas réglementés dans de nombreux pays, et leur statut juridique n’est pas clair. Cela qui signifie qu’il n’y a pas de coussin de sécurité. Il n’y a pas non plus d’assurance en cas de perte de fonds. Un grand nombre d’utilisateurs dépendent des changeurs informels pour échanger des devises locales contre des bitcoins, et vice versa. Les prix sont volatils, et acheter et vendre est une procédure complexe qui nécessite des connaissances techniques. En 2018, la banque centrale nigériane a averti que les crypto-monnaies n’avaient pas cours légal et que les investisseurs manquaient de protection.

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Le Sénégal : un pionnier africain des cryptomonnaies ?

Le Sénégal est l’un des pays africains où les cryptomonnaies font le plus d’émules. Fin 2016, il a été annoncé que le Sénégal développait une monnaie numérique nationale, appelée eCFA. Cette cryptomonnaie devait fonctionner conjointement avec le franc CFA qui est monnaie officielle du pays. L’initiative venait de l’union de la Banque Régionale des Marchés et de la startup eCurrency Mint Limited. Cette dernière avait développé la crypto-monnaie conformément à la réglementation établie par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).

L’eCFA n’a pas eu le succès escompté, mais il dénote de la volonté du gouvernement sénégalais de contrôler le phénomène des cryptomonnaies. Comme souligné plus haut, le bitcoin et les autres cryptomonnaies échappent au contrôle des banques centrales et des états. Les états ne peuvent même pas taxer les transactions, ce qui constitue pour eux de grandes pertes.

En 2020, le Sénégal semblait être l’un des seuls pays africains à être encore orienté vers l’adoption d’une crypto-monnaie traditionnelle. C’est en grande partie grâce au chanteur Akon, qui a annoncé le développement d’une ville de 2000 acres au Sénégal. D’une valeur de 6 milliards de dollars, la grande attraction d’Akon City est qu’elle disposera de sa propre monnaie numérique pour le commerce et les affaires⁠. Elle s’appellera Akoin.

Ce qui rend ce jeton unique, c’est que, contrairement aux précédents projets de monnaie électronique, l’akoin est basé sur la technologie blockchain. Il n’essaie pas d’imiter la monnaie fiduciaire existante de la région. Au lieu de cela, il fonctionnera comme un jeton parallèle basé sur un utilitaire.

Le boom du bitcoin et des cryptomonnaies en Afrique

Les transferts mensuels en cryptomonnaies de moins de 10.000 dollars, généralement effectués par les petites entreprises et les particuliers, ont augmenté en Afrique de plus de 55% en une année, atteignant en juin 2020 les 316 millions de dollars, selon les données de Chainalysis, une société américaine spécialisée dans l’investigation des blockchains.

Le nombre de transferts mensuels a également augmenté de 50%, dépassant les 600700, selon Chainalysis. Une grande partie de l’activité a eu lieu au Nigeria, l’économie la plus forte du continent, ainsi qu’en Afrique du Sud et au Kenya. Cela représente un revirement à 180 degrés pour le bitcoin. Bien qu’il soit né il y a une décennie en tant qu’outil de paiement, il a été utilisé principalement pourla spéculation et par les agents financiers, pas pour le commerce.

Les utilisateurs de bitcoins interrogés affirment que la cryptomonnaie aide la population à rendre ses entreprises plus agiles et rentables. Pourquoi ce boom en Afrique ? Le boom du bitcoin au Sénégal et dans les autres pays africains est dû aux facteurs suivants :

  • des populations jeunes et férues de technologie qui se sont rapidement adaptées au bitcoin;
  • des monnaies locales plus faibles qui rendent difficile l’obtention de dollars, monnaie de facto du commerce mondial;
  • une bureaucratie alambiquée qui complique les transferts d’argent.